Entouré d’une équipe technique performante afin de décrocher sa 4ème qualification pour les JO, le nageur d’Ettelbruck est apparu sur le haut de la vague à Bergen

De l’uniformité naît l’ennui, aussi Raphaël Stacchiotti s’est-il depuis longtemps fait le chantre de la diversité lorsqu’il arpente les couloirs d’eau chlorée. Son truc à lui, c’est de varier les plaisirs au fil d’un même effort. Spécialiste du 200m 4 nages, l’Ettelbruckois est entré dans cette séquence de carrière où la maturité et une forme de plénitude, physique et mentale, permettent de tirer la quintessence de son potentiel, presque de prendre du plaisir dans la souffrance. A 27 ans, l’ancien sociétaire du cercle de Marseille cerne avec de plus en plus de précision ses limites, mais il continue à se fixer de nouveaux buts, d’affronter des challenges différents, dans un contexte d’entraînement totalement renouvelé.

Sur la route de sa 4ème Olympiade (porte-drapeau de la délégation grand-ducale à Pékin en 2008, à l’âge de 16 ans seulement, il avait ensuite pris part aux JO de Londres 2012 et Rio 2016), Raphaël Stacchiotti n’est en effet pas seul, il s’est entouré d’une équipe de spécialistes qui doit lui permettre d’atteindre son objectif sans se cogner la tête contre le mur de l’urgence –la période de qualification pour Tokyo 2020 s’est ouverte le 1er mars dernier.

Outre son entraîneur Christophe Audot, une diététicienne, une coach mental, un préparateur mis à disposition par le Luxembourg Institute for High Performance in Sports (LIHPS) et un kiné forment désormais une cellule de performance, au cœur de laquelle le champion national doit se sentir chouchouté, délivré de tout souci qui l’éloigne de son objectif prioritaire : un plus haut degré d’efficacité sur le 200m 4 nages, sans faire de la barrière des deux minutes une obsession chronométrique.

Montée en puissance

En cette saison 2019 pré-olympique, le Luxembourgeois veut avant tout baliser son chemin de performance : d’abord gagner en force, en puissance, puis enchaîner naturellement par les aspects plus techniques. Pour ce faire, « Sir Kingfish » (qui a récemment remporté les 17 titres nationaux qui lui étaient proposés !) s’est dessiné, avec son staff, un programme qui va crescendo : après un stage en altitude en mars, il a pris part au meeting de Bergen. Eindhoven, Rome et Chartres suivront a priori, l’un de ces rendez-vous devant coïncider avec une première attaque des minima olympiques (1’59‘’67).

Demi-finaliste du dernier Euro en grand bassin, à Glasgow (14ème), médaillé d’argent lors des récents Mondiaux militaires, en Russie (NDLR : il a choisi l’armée pour poursuivre son parcours de sportif professionnel, profitant ainsi d’un cadre de préparation qui lui permet de mettre tous les atouts de son côté), l’ancien Dauphin d’Ettelbruck a gagné en sérénité, conforté par l’équipe technique qui l’entoure désormais, sans être écrasé par l’impératif de la qualification pour les JO. Celle-ci doit se profiler en douceur, presque naturellement, au bout d’un travail préalable construit de manière intelligente, qui laisse sa place au plaisir.

Son statut de pro de l’eau chlorée, Raphaël Stacchiotti l’assume pleinement. Ainsi évolue-t-il avec une équipe allemande de renom, Stuttgart, qui lui permet de s’aligner sur les diverses manches de l’International Swimming League (ISL). Une nouvelle ligue professionnelle, au format moderne et dynamique, qui opposera douze équipes tout au long de la saison 2019 : six en Europe (Stuttgart donc, Energy Standard, Rome, Marseille, Budapest, Londres) et six aux États-Unis (Los Angeles, San Francisco, Atlanta, Austin, Washington, Phoenix). Après la phase régulière de compétition, les quatre meilleurs côté européen et américain disputeraient des demi-finales et la finale à Las Vegas (17-22 décembre). Au bout de l’effort, un prize money de plus de 5 millions de dollars !

De Bergen à Eindhoven

Le week-end dernier en Norvège, après un très relevé Festival de Bergen, l’Ettelbruckois affichait un large sourire : il a en effet réussi un super chrono à l’occasion de sa course de prédilection, le 200 m 4 nages : 2’00’’95 ! « Je n’avais plus nagé en 2’00’’ depuis les JO de Rio », commentait avec enthousiasme le nageur grand-ducal. « J’étais vraiment heureux après avoir vu le tableau… Aux 150 m, j’étais encore sur les bases du record national mais j’ai un peu explosé en crawl. »

De bon augure avant Eindhoven, ce week-end, où il espère améliorer son dernier chrono. Pour aller à Tokyo, il faudra en effet nager encore plus vite (minima fixés à 1’59’’67 alors que le record national est de 2’00’’21, réussi aux Jeux de Rio). Une chose est sure, Raphaël Stacchiotti a retrouvé le haut de la vague.

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