Le trophée est précautionneusement conservé en Suisse, à son domicile. « Dans un coffre » sourit-il malicieusement. Bob Jungels y tient, forcément, à ce premier succès conquis au bout d’une longue journée de sueur et labeur dans les longues côtes de l’Ardenne belge. La Doyenne est à lui, pour une douzaine de mois, le champion originaire de Rollingen (où ses parents sont toujours domiciliés) est pleinement conscient que sa carrière a pris une nouvelle dimension depuis ce dimanche 22 avril, à Ans.

« LBL, un premier monument parmi les classiques, c’est forcément un moment qui compte ! En rejoignant le team Quick Step en début de saison 2017, j’avais avant tout pour objectif de devenir un coureur plus fort lors des grands tours, c’est dans cette direction-là que le staff et moi souhaitons avancer. C’est évidemment toujours le cas, plus que jamais, mais je sais que Patrick Lefevere (manager de l’équipe depuis plus de vingt ans) estimait que j’étais également capable de briller lors des classiques… »

Dans le mille. En moins d’une semaine, l’équipe belge a ajouté la Flèche Wallonne puis Liège-Bastogne-Liège à son impressionnante collection de succès (plus de 600 en deux décennies), grâce aux compères Julian Alaphilippe et Bob Jungels. « Pourtant, nous ressentions une certaine forme de pression au départ des classiques wallonnes, car le groupe flandrien de Quick Step venait de placer la barre très haut, après avoir quasi tout raflé sur les pavés ».

Comme Andy

Bob Jungels sourit. « Liège-Bastogne-Liège a toujours été la course d’un jour qui m’a fait rêver… » L’ancien sociétaire de l’UC Dippach a pourtant triomphé sur le Vélodrome de Roubaix, en espoirs (2012). « Oui, je me débrouille pas mal sur le haut du pavé, c’est vrai, mais la Doyenne est une classique qui jouit d’une notoriété supérieure au Luxembourg. Sans doute grâce à l’histoire récente, plutôt riche pour notre cyclisme. »

Le quadruple champion du Grand-Duché fait évidemment référence aux exploits des frères Schleck, singulièrement au succès d’Andy, en 2009. « Marrant, nous avons tous les deux profité de l’ascension de la Roche aux Faucons pour faire la différence… »

Trois semaines spartiates

Cet athlète de 25 ans seulement, hors norme et qui conserve un lien fort avec Lucien Didier (« un formateur à l’œil avisé, au jugement très sûr »), éprouve visiblement une forme de plaisir dans la souffrance. Une aptitude réservée à une caste restreinte, les coureurs de grands tours, ces hommes plus forts en troisième et dernière semaine de course qu’en première.

Sixième et huitième des deux dernières éditions du Giro, Bob Jungels se tourne désormais vers le Tour, dans la logique d’une progression de carrière qui doit lui permettre de jouer la victoire finale, un jour ou l’autre. « Il y a trois ans chez Trek, j’avais découvert l’univers très spécifique de la Grande Boucle, avec pas mal d’émotions fortes (NDLR : son leader Fabian Cancellara avait pris le maillot jaune puis lourdement chuté dans l’étape du Mur de Huy, avant d’être contraint à l’abandon). Cette fois, je serai l’homme protégé du groupe Quick Step », avec l’ambition de rallier Paris dans le top 10. Plus si affinités. « Mes objectifs sont très proches de mes rêves… »

Eloquent.

Pour l’heure, Bob Jungels prépare donc le rendez-vous de juillet dans les montagnes de la Sierra Nevada (Espagne), avec Philippe Gilbert, Julian Alaphilippe, Yves Lampaert,… ses comparses du team Quick Step Floors. Un stage de trois semaines, dans des conditions spartiates, qui est aujourd’hui un passage obligé sur le chemin de la réussite.

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