Il est resté calme, se contentant de serrer le poing comme lorsqu’il trouvait lui-même le chemin des filets, du haut de ses 190 centimètres filiformes. A 37 ans seulement, après avoir bourlingué en Allemagne (Bochum, Eintracht Francfort ou Augsbourg par exemple) et en Grande-Bretagne (Manchester City), Dino Toppmöller est encore joueur dans l’âme, proche des gars de son large noyau comme s’il était encore des leurs. Mais l’ancien attaquant de Differdange, devenu coach du club de Flavio Becca en 2016, est aussi capable de prendre distance par rapport au groupe qu’il dirige, altitude face aux événements, même les plus emballants.
Jeudi soir, après l’exploit réussi par le F91 face aux champions de Roumanie (succès 2-0 en match aller de la dernière phase de barrages de l’Europa League), le fiston de Klaus Toppmöller, ancien coach du Bayer Leverkusen (finaliste de la Champions League 2002 contre le Real, défaite 2-1 sur la pelouse d’Hampden Park), d’ailleurs présent dans les tribunes du stade national luxembourgeois, avait le sourire franc mais le verbe prudent. « Je savais que l’équipe recelait beaucoup de qualités mais ce qu’elle vient de réussir, c’est extra, presque le score parfait. Tout s’est déroulé comme dans un film dont nous aurions nous-mêmes écrit le scénario… Mais il y un match retour à jouer et gérer, jeudi prochain à Cluj. Rien n’est fait… »
Propos convenus d’un entraîneur qui veut maintenir son groupe en éveil ? Sans doute, mais le technicien allemand sait surtout que l’adversaire, un peu émoussé, un brin apathique lors du duel aller, affichera un tout autre visage la semaine prochaine, en son antre Radulescu (23.500 places). Il faudra faire le dos rond pour traverser les orages qui ne manqueront pas de s’abattre sur la Transylvanie. «Le plus important est de n’avoir pas concédé de but dans cette première manche, ce qui a exigé beaucoup de concentration et de rigueur de la part de tous les joueurs. Après l’ouverture du score, et même à 2-0, il n’y a pas eu d’euphorie, mais beaucoup de maîtrise. Chapeau.»
Seule ombre au tableau d’une soirée déjà historique, la grave blessure encourue par le gardien Jonathan Joubert, victime d’une fracture de la jambe suite à un contact rugueux avec le Roumain Cristian Manea, et qui a dû être opéré dans la nuit. Son indisponibilité est estimée à près de deux mois, sacré coup dur pour ce joueur chevronné, qui piaffait d’impatience à l’idée de découvrir les rencontres de l’Europa League proprement dite… A charge désormais pour sa doublure, Joé Frising, de prendre le relais. Le F91 Dudelange s’approche de son Graal, il lui faut désormais assumer la charge émotionnelle d’un match retour qui peut bouleverser son destin.