Un rêve éveillé, une aventure extraordinaire, dans l’acception première du terme : c’est ce que les Dudelangeois sont en train de vivre, yeux écarquillés et sourire lumineux. Accueillir l’AC Milan pour le tout premier match de l’histoire du club en Europa League (la phase des poules s’entend), difficile de faire mieux !
Depuis le tirage au sort, l’engouement est à la mesure de l’exploit que David Turpel, Clément Couturier et leurs équipiers ont réussi, en écartant le Legia Varsovie puis Cluj de la route continentale.
Ce jeudi, au cœur d’un stade Josy Barthel qui sera plein comme un œuf, les hommes de Dino Topmöller défieront donc les Rossoneri de Gennaro Gattuso. Ancien joueur mythique de l’AC, entre 1999 et 2012 (deux titres, une coupe d’Italie et deux Ligues des Champions), l’ancien médian défensif est revenu au bercail en novembre 2017, pour prendre la succession de Vincenzo Montella et surtout, pour incarner le nouveau cycle que le club milanais a ouvert, au bout de trop longues saisons sans relief.
Le Milan en reconstruction
Les images montrant un Rossonero brandir la « coupe aux grandes oreilles » remontent ainsi à 2007 (victoire en finale contre Liverpool, grâce à deux buts d’une autre icône du club lombard, Filippo Inzaghi), le dernier scudetto date de 2011. Depuis, entre la fin de l’ère Berlusconi et l’échec d’un projet de reprise par des investisseurs chinois, l’Associazione Calcio Milan (aujourd’hui propriété d’un fonds d’investissements américain, Elliot Management Corporation) essaie surtout de retrouver une dynamique positive, dans le respect de valeurs qui en ont fait un des clubs les plus titrés du Vieux Continent (18 titres de champion d’Italie, 5 Coupes d’Italie, 7 Ligues des Champions, 2 Coupes des Coupes, 1 Coupe du Monde des clubs,…)
« Nous sommes un club de tradition, certes, mais nous sommes aussi en phase de reconstruction » appuie le directeur sportif de l’AC, le Brésilien Leonardo (autre ancien grand joueur des Rossoneri). Pour accélérer le chantier, le Britannique Ivan Gazidis (54 ans) vient d’être débauché à Arsenal (où il officiait depuis dix ans). Sa mission (en tant qu’administrateur délégué) sera de restructurer le club lombard après l’échec du projet chinois.
Les Tifosi n’ont évidemment rien oublié des exploits réalisés sous la férule d’Arrigo Sacchi par les Maldini, Baresi, Costacurta, Donadoni, Rijkaard, Gullit, Van Basten,… mais les clichés jaunissent et fleurent bon la nostalgie. « Aujourd’hui, la plupart de nos joueurs évoluent ensemble depuis deux ou trois ans mais ils sont jeunes » rappelle Leonardo. « Il nous manque encore quelque chose pour réussir à reprendre une place en vue sur la scène européenne. Nous sommes évidemment ravis d’y revenir (NDLR : le club avait d’abord été suspendu par l’UEFA et exclu de toute compétition européenne pour de gros soucis financiers, avant d’être réintégré in extremis par le TAS), cette compétition est très importante pour nous mais nous l’abordons avec humilité » résume l’ancien directeur sportif du PSG, qui espère que le duel sera aussi l’opportunité de belles retrouvailles avec la communauté italienne du Grand-Duché.
Higuain, Laxalt, Biglia,…
En série A, l’AC Milan toussote. Une défaite à Naples (3-2) ; un succès dans le temps additionnel face à la Roma (2-1), grâce à un but libérateur du jeune prodige Patrick Cutrone (20 ans, grand espoir du club) ; un nul sans gloire (1-1) le week-end dernier face à Cagliari (qui a toutefois permis à Gonzalo Higuain de débloquer son compteur personnel) : les Rossoneri pointent au treizième rang, avec un bilan mitigé (4 unités, 5 buts marqués et autant encaissés). L’équipe n’a pas encore trouvé la bonne carburation.
L’effectif, s’il a perdu le défenseur international Leonardo Bonucci (qui est retourné à la Juve), a accueilli quelques valeurs confirmées du foot mondial durant l’été. A commencer donc par l’Argentin Gonzalo Higuain, buteur qui a fait les beaux jours de Naples et de la Juve avant de poser son sac en Lombardie.
Dans un entrejeu régulé par l’ancien Anderlechtois Lucas Biglia, on retrouve par exemple l’Ivoirien Franck Kessié ou l’Uruguayen Diego Laxalt (ex-Genoa), infatigable sur le flanc gauche de la Céleste durant la Coupe du Monde. La ligne défensive s’appuie notamment sur la régularité des Mattia Caldara (ex-Juve), Alessio Romagnoli ou l’Argentin Mateo Musacchio, l’intransigeance du Suisse Ricardo Rodriguez, devant le portier italien Gianluigi Donnarumma (désormais mis en concurrence avec le vétéran espagnol Pepe Reina).
Galaxie de stars au Milan, étoiles dans les yeux des Dudelangeois.