C’est l’histoire d’un rallye qui ne ressemble à aucun autre. Parce qu’il est réservé aux femmes, d’une part, et parce qu’il jongle avec les règles du temps, de l’autre. Le Rallye Aïcha des Gazelles, qui s’est élancé pour la 28e fois ce 21 mars, c’est un événement à part dans le calendrier du rallye-raid mondial. Une épreuve hors du temps que deux copines de galère, qui ne se connaissaient pas il y a huit semaines, ont décidé d’improviser ensemble. Un saut dans le vide qui ressemble furieusement à un besoin d’évasion.
« On préfère parler de coup de cœur commun » coupe d’entrée Julie Kohlmann, qui s’aligne pour la 3e fois sur cette course pas comme les autres où GPS, GSM et jumelles sont absolument proscrits. Une navigation à l’ancienne au cœur du désert marocain et sur plus de 2 500 kilomètres, guidée à la seule lecture d’une boussole censée les aider à tracer leur chemin entre rivières desséchées et dunes sablonneuses.
Un rallye vieille école plus proche de la course d’orientation que du rallye-raid traditionnel qui a directement séduit cet équipage improbable composé d’une banquière parisienne installée au Luxembourg depuis 8 ans (Julie) et d’une responsable commerciale lyonnaise en recherche de sensations fortes en la personne d’Elodie Baudin.
Deux inconnues rapprochées par l’envie de prendre le large pour oublier les tumultes d’une vie privée agitée ces derniers mois. Il n’en fallait pas plus pour tenter cette aventure un peu folle. En quelques jours à peine, le binôme se met en ordre de marche. Trois petites semaines de vacances posées, un budget de 35.000 euros ficelé et financé en grande partie par des sponsors, et voilà nos deux baroudeuses parties au volant de leur Land Rover Defender 110, immatriculé au Luxembourg.
Un rappel des couleurs d’adoption de Julie qui ne se limite pas au matricule du véhicule. « J’ai tout de suite dit à Elodie que le Roude Léiw sur le toit, ce n’était pas franchement négociable. Elle a d’autant moins sourcillé que le drapeau lyonnais se rapproche pas mal du nôtre. »
Ce cas de conscience réglé, restait à apprivoiser la machine. Une évidence pour l’expérimentée Julie, une découverte pour Elodie. « Sauf qu’avec un Defender, vous sentez tout de suite si quelque chose ne va pas. Ce n’est pas un véhicule électronique, c’est du 100% mécanique donc, c’est très facile à assimiler si vous aimez ça. »
Fallait-il encore avoir la drôle d’idée de se lancer à l’assaut du Sahara marocain au volant d’un gros poids lourd. Et pourtant, loin d’être en vacances, les filles sont parties avec l’objectif d’intégrer le top 10 au moment de rallier Essaouira sur la côte Atlantique du sud du Maroc au bout de la sixième étape. Un classement final ambitieux au vu des 146 équipages en course dans la catégorie camion au départ de Nice, mais une perspective loin d’être illusoire quand on sait qu’avec un autre équipage, la néo-Luxembourgeoise avait intégré le top 5 l’an dernier.
« Ma seule peur, c’est de me perdre, confiait Julie à quelques heures du départ. Pour le reste, je suis confiante. J’ai fait de l’aviation, j’ai fait du rallye sur glace, je suis une pilote expérimentée. »
Reste encore à jongler avec les éléments d’une course qui ne pardonne pas l’erreur.
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